Vers une communication politique
plus scientifique

Réchauffement climatique, Covid-19 : la science influence plus que jamais les choix politiques. Nos décideurs ont donc intérêt à reprendre à leur compte les codes de la communication scientifique. Voici notre guide pour une communication politique plus scientifique.

Homme politique interrogé par des journalistes

Nos décideurs sont régulièrement amenés à communiquer sur des sujets touchants à la science. L’épidémie de Covid-19 et le réchauffement climatique en sont de parfaits exemples. Ces deux crises ont d’ailleurs mis en lumière le besoin de repenser la communication politique lorsqu’elle implique des thématiques scientifiques. Voici donc les 3 principes de communication scientifique que nos dirigeants auraient intérêt à utiliser.

1/ S’appuyer sur des données

Une des caractéristiques de la science, c’est qu’elle s’appuie sur des données. Ces dernières peuvent être obtenues par différentes méthodes, par exemple grâce à des mesures, des expériences ou des questionnaires auprès d’un échantillon de population. Le chercheur tire des conclusions sur la base des résultats obtenus.

Les données permettent donc de crédibiliser un discours, de l’ancrer dans le réel. Cependant, pour qu’elles soient correctement comprises, ces données doivent être replacées dans leur contexte. Nos décideurs ont parfois tendance à ne pas citer leurs sources ou à ne pas expliquer le contexte des études sur lesquelles ils s’appuient. Leur discours ne repose donc pas sur une argumentation solide et transparente. Conséquence : la population est davantage méfiante, ce qui laisse plus de place à la circulation des fake news. Pour gagner en crédibilité, il est donc primordial pour nos décideurs de s’appuyer sur des données qui soient sourcées et contextualisées.

2/ Faire de la pédagogie

Pour communiquer auprès de leurs pairs, les chercheurs s’appuient sur des visuels : histogrammes, schémas, photos ou vidéos scientifiques. Et lorsqu’ils s’adressent au grand public, ils adaptent leur communication. Face à des néophytes, ils produisent des illustrations plus faciles à appréhender, limitent l’emploi du jargon, s’appuient sur des métaphores.

Au début de l’épidémie du Covid-19, les bilans quotidiens des décès, des admissions en réanimation et  du nombre de patients hospitalisés n’étaient accompagnés d’aucun graphique. Pour un grand nombre de personnes, cela rendait difficile la compréhension de ces données ou de leur évolution dans le temps. Il est effectivement plus facile de comprendre une tendance avec l’aide d’un visuel que de repérer un chiffre au milieu de tant d’autres. Dans ce contexte, l’utilisation de la data visualisation est donc indispensable pour rendre les données intelligibles. Nos décideurs l’ont d’ailleurs bien compris, les graphiques et diagrammes ayant finalement fait leur apparition dans les allocutions du gouvernement par la suite.

De manière générale, pour qu’une information scientifique soit comprise par tout le monde, les techniques de vulgarisation scientifique sont incontournables. Elles permettent d’adapter son discours au niveau de connaissances de son public.

3/ Admettre que l’on ne sait pas tout

Par définition, en science, on ne sait pas tout. La recherche n’existe que parce qu’elle permet de combler une ignorance. Et ce qui semble vrai aujourd’hui peut ne plus être pertinent demain. C’est le propre du métier de chercheur, qui a l’habitude de s’exprimer en acceptant l’incertitude, sans esquiver.

Lorsqu’elles prennent des décisions, nos personnalités politiques le font en s’appuyant sur les connaissances qui sont à leur disposition. Or, ces connaissances peuvent évoluer. Une décision qui paraissait bonne à un moment, peut finalement s’avérer mauvaise 6 mois plus tard. Nous avons d’ailleurs pu l’observer avec le Covid-19. Les décisions prisent au début de l’épidémie alors que le virus était mal connu n’ont pas été les mêmes que celles prises au bout d’une année ou deux d’épidémie. Nos dirigeants doivent être capables d’admettre qu’ils ne savent pas tout, que toutes leurs décisions n’ont pas été bonnes. Il est préférable de l’assumer plutôt que d’échafauder des justifications à postériori, au risque d’accentuer la rancœur et la méfiance.

La communication fait partie intégrante du métier de chercheur. Dans une période où la défiance des Français envers nos dirigeants est à son paroxysme, où les fake news envahissent la sphère médiatique, nos politiques auraient intérêt à s’inspirer des standards de la communication scientifique, qui combine transparence et pédagogie.

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> Relations presse

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2023-10-20T11:17:33+02:00

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