Présentations :
de l’humour en vidéo…

Vous aimez rire. Votre public aussi ! L’humour est un moyen imparable d’obtenir l’adhésion d’un auditoire, a fortiori pour traiter de sujets complexes ou de prime abord peu attractifs. Mais comment devenir drôle ? Nul besoin d’être Jerry Springer ou Florence Foresti. Voici 3 méthodes qui marchent, vidéos à l’appui. Car pour illustrer ces différentes formes d’humour, nous avons décortiqué les prestations de doctorants que nous avons formés à présenter leur thèse en 180 secondes.

Femme qui fait un pitch

Méthode N°1 : le décalage

Le décalage est une technique jouant sur l’effet de surprise. Selon Emmanuel Kant : « L’humour naît quand l’esprit perçoit un fait anormal, inattendu ou bizarre, en un mot incongru, qui rompt avec l’ordre normal des choses ». Pierre-Jean Tisserand, doctorant SNCF, manie le décalage avec beaucoup de savoir-faire. « Quels sont les ponts en pierre sensibles aux inondations ou aux tremblements de terre sur le réseau ? Pour répondre à cette question, j’ai fait ce que tout bon chercheur se doit de faire… »

Là, en principe, vous essayez de deviner ce que fait ou devrait faire un chercheur. Ou ce que vous feriez vous-même pour trouver une réponse. Une recherche bibliographique ? Une expérience dans un laboratoire ? Pas du tout : « J’ai été prendre un café ».

Reconnaissez-le : vous ne vous y attendiez pas ! Cette rupture crée un ressort comique, d’autant plus efficace qu’il est repris tout au long de sa présentation. Car durant sont pitch, Pierre-Jean Tisserand va rencontrer pas moins de trois experts et partager avec eux ce fameux breuvage. Puis, faute de trouver une solution, il va repartir seul à la machine à café. Et là, il se fait la réflexion suivante : « Il est à peine onze heures du matin, c’est mon quatrième café. Il faut vraiment que je me mette à ralentir sur la caféine. »

Méthode N°2 : la connivence

Mettez-vous quelques instants dans la peau d’un spectateur. Il est assis dans cette salle, un peu anxieux. Il ne connait pas le sujet, il ne vous connait pas. Il espère que « ça » va être intéressant. En créant de la connivence, vous brisez rapidement la glace.

Pour cela, certains orateurs nous entraînent dans une histoire. Sur un format court de présentation, comme un pitch, c’est une méthode très efficace. Regardez la vidéo de Katherine Evans. Cette jeune philosophe venue, à l’en croire, d’une autre planète, évoque une problématique bien terrestre. Qu’est-ce que la morale ? Et comment l’enseigner aux objets dotés d’intelligence, comme les véhicules autonomes ? Sa mission, en tant qu’extra-terrestre, est d’envahir notre planète et d’en faire un monde meilleur. Car les humains sont incapables de prendre une décision morale !

Dans un autre registre, Pierre-Marie Bajan fait appel à une situation familière. Pendant 3 minutes, l’auditoire se retrouve sur les bancs de la fac, à écouter un chargé de cours en simulation de réseaux. Ce professeur d’un jour garde son costume de pédagogue tout au long de sa présentation : « J’espère que vous avez bien révisé depuis la dernière fois », « Pour le TD de la semaine prochaine, vous utiliserez ce prototype. », « Pour l’examen, vous devez être capable de résumer ces trois méthodes ».

Ce sont là de petits « mensonges », sans intention de nuire, ni de tromper. D’autres préfèrent raconter des histoires se basant sur des références culturelles communes : des films, des actualités… Cela crée un lien entre l’orateur et l’auditeur, voire entre les auditeurs eux-mêmes. Pour autant, s’appuyer sur des blockbusters comme Star Wars peut vite tourner au cliché. C’est peut-être pour cela que Joseph Kamel s’est lancé dans l’aventure de la série américaine à succès How I met your mother. « Anna est l’ex-petite amie de Barney. Elle lui en veut méchamment… » Quel plaisir de revoir Ted et Barney à la conférence ! Et même si vous ne les connaissez pas, avouez que ces histoires de vengeance, cela parle à tout le monde.

Méthode N°3 : la métaphore filée

Rien de tel qu’un discours imagé pour bien se faire comprendre. Avez-vous déjà regardé la série Numb3rs ? Chaque épisode faisait appel à une théorie mathématique modélisée et complexe, rendue compréhensible par une métaphore ou une analogie filée. Très efficace : le téléspectateur adore cette sensation de comprendre ce qui est en principe inaccessible. Et quel plaisir de se sentir intelligent !!!

Sur ce mode d’humour léger, Marie Poline, doctorante SNCF, utilise une métaphore filée pour gourmands. « Un train, c’est comme un enfant au goûter de 4 heures ». Miam ! L’énergie disponible sur une ligne électrique est un gros gâteau, chaque train en circulation un gourmand qui en prend une part. Mais si les parts sont trop petites, le train prévoyant peut partir avec son petit muffin personnel, qui lui fournira l’énergie nécessaire pour bien fonctionner. Bref, il emportera une batterie… Mais de quelle taille ? Voici l’objet de sa thèse : dimensionner ces batteries embarquées.

Autre exemple, avec Quentin Perrier : « Le titre de ma thèse parle d’économie. Mais à mon sens, je fais plutôt un doctorat de diététique. J’étudie les régimes alimentaires […] sauf que je parle ici d’alimentation électrique. » Cette métaphore permet de bien comprendre la notion de mix électrique. Combiner l’éolien et le nucléaire, ou bien privilégier l’hydroélectricité, a des conséquences en termes de coût, d’emploi et d’environnement. En fonction des goûts de chacun, le menu sera différent.

Décalage, connivence, métaphore filée… voilà un petit tour d’horizon de méthodes qui ont fait leur preuve. D’ailleurs, si votre public rit, vous devez vous arrêter de parler. Sinon, vous risquez de stopper son élan. Selon Tom Antion, expert en la matière, c’est ce que les humoristes appellent « marcher sur son rire ». Et, si votre blague tombe à l’eau, poursuivez et faites comme si aucune réaction n’était attendue.

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2023-10-18T12:28:27+02:00

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