Pitch :
convaincre en 3 minutes

Présenter leur innovation en « 3 minutes chrono » devant 200 personnes, voilà le défi qu’ont relevé nos invités. Ils ont tous participé au Prix Fibre de l’Innovation, organisé par Opticsvalley, qui récompense des porteurs de projets innovants. En amont du Prix, Agent Majeur les a accompagnés dans la préparation de leur elevator pitch. Quatre d’entre eux nous dévoilent les leçons qu’ils ont tirées de cette expérience.

Homme derrière un pupitre qui s'apprête à faire un discours

Bien se préparer

Pierre-Yves Thro : J’ai passé plus de temps à préparer cette présentation qu’une présentation classique de 20 minutes, par exemple. Cela nécessite un travail préliminaire important.

Robert Lacoste : Par nature, un discours de 3 minutes est très construit. Le gros risque, comme on a beaucoup travaillé la présentation, c’est que ça fasse artificiel.

Jérémy Fain : Il faut connaître son discours par cœur. Mais il faut, comme en musique, savoir sortir de la partition et l’adapter au contexte.

Impliquer le public

RL : La clef, c’est de se mettre dans la peau des personnes dans l’auditoire. Je me suis posé les questions suivantes : qu’est-ce qu’une personne dans le public peut entendre ? et quels sont les messages clés qui peuvent faire « tilt » dans sa tête ?

Sylvie Lebrun : Il faut par exemple mettre en avant les enjeux de société. Nos sources laser ont de nombreuses applications possibles. Pour le Prix, j’ai choisi de mettre en avant une application en particulier, celle relative au cancer. Tout le monde en a entendu parler. Le public s’est senti concerné, c’est un sujet auquel il est sensible.

JF : Pour ma part, je travaille sur des solutions qui ne sont pas destinées au grand public. Dans ce cas, il est intéressant de débuter la présentation par un exemple d’application de la solution qui soit proche des préoccupations de chacun. Et ensuite, dérouler cet exemple pendant une bonne partie de la présentation.

Prendre du recul

SL : 3 minutes, c’est frustrant pour un scientifique car on a envie d’expliquer les principes physiques, de rentrer dans les détails. Cela demande de prendre beaucoup de recul par rapport à ce que l’on fait.

Faire simple sans excès

SL : Pour parler d’un sujet scientifique pointu et le rendre accessible, il faut éviter d’abuser des termes techniques. Et, si on en utilise, on doit les définir.

JF : C’est une question d’équilibre : ne pas jargonner et ne pas non plus être trop simplificateur car dans la salle se trouvait un public averti. Simplifier sans être simpliste.

SL : Et puis, il faut que les gens se sentent plus intelligents après ce discours de 3 minutes. Concrètement, cela veut dire placer un ou deux mots pas ordinaires et les expliquer. Dans mon discours, j’ai parlé de fluorophores. Je pensais initialement que c’était un terme évident, connu de tous. Ce n’était pas du tout le cas. (voir des astuces de vulgarisation scientifique).

Surprendre

JF : Durant le Prix, nous étions 12 à faire notre « pitch ». Il fallait trouver un moyen d’être original.

SL : Regarder le public, les prendre à parti, les apostropher, leur poser des questions… Jouer la carte de l’interactivité permet d’établir une relation particulière avec l’auditoire.

RL : Et comme c’est un concours, il y a une dimension ludique. Il faut que la présentation soit suffisamment « sexy » pour que ça déclenche quelque chose dans l’auditoire. Par exemple, en mettant un peu d’humour.

Fournir des preuves

JF : Donner des chiffres, des preuves, des éléments concrets est un gage de crédibilité. Dans la masse des projets, certains étaient naissants. En citant quelques clients, un grand partenaire, des éléments tangibles, on plaçait notre projet comme celui d’une entreprise déjà installée. Cela aide à sortir du lot.

Merci à Sylvie Lebrun (Institut d’Optique), Pierre-Yves Thro (CEA), Robert Lacoste (Alciom) et Jérémy Fain (Verteego) pour leurs témoignages.

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2023-12-08T15:50:06+01:00

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