Humour
et communication scientifique

Carlos Lee est directeur général de l’EPIC, Consortium Européen de l’Industrie Photonique. Lors de la Journée Lumière et Innovation organisé par Opticsvalley le 14 avril 2015, il a présenté la photonique avec une bonne dose d’humour. Une prestation mémorable, qui a séduit Agent Majeur.

Carlos Lee

Où avez-vous appris à communiquer avec une telle aisance ?

J’ai grandi en Espagne, à Torremolinos, une des villes les plus touristiques de la Costa del Sol. Le soir, les hôtels avaient l’habitude de donner des représentations, avec des animations de toute sorte. A l’âge de dix ans, j’ai moi-même commencé à faire des spectacles de magie. C’est là que j’ai appris à capter l’attention d’un public et pris goût à la communication orale.

Vos présentations sont-elles toujours humoristiques ?

Non, elles le sont même rarement ! Depuis que j’ai intégré l’EPIC, je présente l’association, la photonique et ses multiples applications dans le secteur de l’automobile, du transport, de l’environnement et de l’énergie. En général, avec les ingénieurs, j’utilise un ton provocateur pour les secouer. Et avec les politiciens, les chefs d’entreprise, je joue plutôt la carte de la séduction pour leur montrer l’intérêt de la photonique et des investissements dans ce domaine.

Dans quel but faites-vous appel à l’humour ?

Je vulgarise la photonique avec humour surtout auprès des jeunes, pour les faire rire, pour canaliser leur attention et les intéresser. Lors de la Journée Opticsvalley, je voulais détendre l’atmosphère. L’objectif de mon intervention était de promouvoir l’association, mais ce que je souhaitais vraiment, c’est que le public se souvienne de ma présentation.

Comment construisez-vous vos discours ?

Quand je prépare une présentation, je ne réfléchis pas à quelle blague je vais faire. Je travaille avant tout sur la structure de mon discours et le message à faire passer. Ce n’est qu’à la fin que je réfléchis à la forme de ma présentation et que je l’adapte au public devant lequel je vais intervenir. Il m’arrive aussi souvent d’improviser !

Où puisez-vous votre inspiration, vos exemples ?

Je travaille beaucoup : toute ma vie est axée autour de mon activité professionnelle. Lorsque que j’ai des idées susceptibles de faire rire, je les note dans un coin. Le chameau solaire, qui transporte sur le dos des panneaux solaires servant à alimenter des réfrigérateurs contenant des vaccins, est un exemple qui marche assez bien ! Je réutilise ces exemples le jour où j’en ai besoin, pour marquer les esprits. Le secteur de la photonique regorge d’applications très faciles à comprendre et s’approprier.

Peut-on plaisanter sur n’importe quel sujet de science ?

Je ne pense pas, non. Il y a des sujets beaucoup plus sensibles que d’autres. Plaisanter sur certaines maladies ou sur des applications militaires pourrait être très choquant. Je ne le conseille pas.

L’humour est-il un de vos traits de caractère ?

Absolument pas ! Je ne suis pas quelqu’un de « rigolo » dans la vie de tous les jours. Au contraire, je suis même plutôt grognon. Une présentation, c’est un peu comme un spectacle. Prenez le cas de Mister Bean, par exemple. Lorsqu’il quitte la scène, il quitte son personnage et redevient le très sérieux Rowan Atkinson !

La crédibilité et l’humour sont-ils compatibles ?

Il faut être prudent… Faire de l’humour, c’est un peu comme ne pas porter de cravate : on prend le risque d’avoir une mauvaise image. C’est pour cela que je ne me permets pas toujours de rigoler. En tout cas pas avec tout le monde. Je dois faire attention à mon image et à celle de mon association.

Comment trouver le juste équilibre ?

Je ne crois pas qu’il y ait d’équilibre. Il faut adapter le style et le contenu de sa présentation à son audience. Et pour avoir recours à l’humour, il faut être sûr d’avoir en face de soi un public qui réagira bien.

Voir la page YouTube de Carlos Lee.

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2023-10-20T16:41:45+02:00

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