Charisme
et leadership

Les grands discours politiques vous font frémir ? Vous rêvez que votre présentation soit aussi mémorable que « I have a dream » de Martin Luther King ?  Pour vous guider, nous avons fait appel à une pointure : la plume de 5 Présidents des Etats-Unis, James C. Humes. Ancien professeur de Communication et de Leadership à l’Université de Caroline du Sud, auteur de nombreux livres sur le sujet, voici sa vision de ce qui rend un orateur charismatique.

James C. Humes, professeur de Communication et de Leadership à l’Université de Caroline du Sud, rédacteur de discours pour 5 anciens Présidents des Etats-Unis et spécialiste du charisme.

James C. Humes a rédigé un ouvrage de référence dans le domaine du charisme et du leadership, « Speak like Churchill, stand like Lincoln ». Nous avons eu la chance de l’interviewer il y a quelques années et il nous avait livré des conseils indémodables.  

Agent Majeur : Vous avez rédigé des discours pour Eisenhower, Nixon, Reagan, Bush senior… Quels conseils donneriez-vous sur l’écriture de discours ?

James C. Humes : Vous pouvez écrire le meilleur discours possible, la personne pour qui vous l’avez rédigé doit avoir du charisme pour le porter. Un discours peut permettre à un orateur de faire bonne impression, mais seulement en étant délivré de manière adéquate.

Comment définiriez-vous le charisme ?

En grec, cela signifie la grâce. C’est une forme de magie qu’un orateur a dès qu’il entre dans une pièce. Cela peut être lié à votre taille, comme Charles de Gaulle, qui était très grand. Mais Napoléon avait du charisme et il était petit.

Vous pouvez également choisir de vous habiller de manière remarquable. Margaret Thatcher portait toujours un très grand sac à main. Mais le charisme n’est pas seulement une question d’apparence physique. Elégance, présence et intensité, voilà de quoi est fait le charisme.

Que peut-on faire pour accroître son charisme ?

Un orateur peut théâtraliser sa prestation en utilisant des silences. Je suggère de ne pas débuter un discours juste après avoir été introduit. Peut-être votre auditoire pensera-t-il que vous avez un problème… Mais le bon moment pour parler, c’est quand votre public est absolument silencieux.

Napoléon le savait et marquait régulièrement des pauses. Quand il faisait un discours, lorsqu’il ne parlait pas, il regardait ses troupes. Cela lui permettait de se rehausser de quelques centimètres !

A l’inverse, ne pas avoir de charisme, cela veut dire : regarder par terre plutôt que l’auditoire, lire son discours et dire des banalités.

Dans votre livre, justement, vous faites l’apologie de l’audace. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Surprendre, oser l’inattendu, c’est ce que fait un leader. Chaque fois que vous faites ce qui est prévisible, vous tombez dans les banalités. Les banalités n’ont rien à voir avec le leadership. La théâtralité, si.

Par exemple, je conseille de ne pas débuter un discours avec des politesses. De nombreux orateurs, bien qu’ayant une bonne introduction, détruisent tout charisme en commençant par : « C’est un plaisir d’être ici parmi vous. ». Faire l’éloge de l’entreprise qui vous reçoit ou de l’auditoire qui vous écoute n’est pas quelque chose de surprenant.

Churchill a utilisé ce cliché une fois. Il était invité dans un club où justement, il était question de communication et de leadership. Ces hôtes lui avaient donné un mot sur lequel il devait improviser un discours. Et ce mot était « sexe ». Il s’est levé et il a dit « Mesdames et Messieurs, cela me fait très plaisir. » (« Ladies and gentlemen, it gives me great pleasure. »). Puis, il s’est rassis.

Un leader débute ses discours avec force, que ce soit un geste, une action, ou une phrase inattendue. Il n’y a pas de place pour les platitudes.

En dehors de l’introduction, que recommandez-vous ?

Je recommande de finir avec un grand “boom”. Reagan terminait ses discours avec une anecdote inspirante relative à un fait historique. Churchill faisait souvent référence à Shakespeare ou à la Bible.

Il est important d’avoir une phrase clé avec laquelle votre auditoire repartira. Pour la mettre en valeur, vous pouvez l’introduire en disant, par exemple : « Ce que je vais vous dire va vous surprendre. ». Et ensuite, vous lancez cette phrase-clé.

Conclure en disant quelque chose de mémorable, c’est une des astuces du leader.

Avez-vous d’autres conseils sur le contenu d’un discours ?

Oui, un conseil d’ordre grammatical. Dans un discours, éliminez la forme passive. Le passif manque de saveur. Vous ne trouverez pas de forme passive dans les déclarations de Churchill. Etre un leader, c’est être actif.

Pour conclure, être un bon orateur, ça ne s’improvise pas ! Travailler sa présence scénique, jouer avec les silences, être audacieux, ne pas utiliser le passif…Vous disposez désormais de conseils avisés pour accroître votre charisme. Mais ces recommandations s’accordent-elles avec l’usage quasi systématique des slides PowerPoint dans les discours des scientifiques ? En aparté de cette interview, nous avions demandé à James C. Humes son avis sur ces supports. Et voici ce qu’il nous avait répondu : « Je pense que les supports PowerPoint sont ennuyeux. Un leader ne lit pas une série de diapositives. C’est ce que font les techniciens. »

Or, on l’a vu pendant la pandémie, quand les hommes politiques doivent communiquer des informations techniques et vulgariser leurs propos, eux aussi s’appuient sur des supports visuels. Ils sont indispensables pour montrer des tendances, par exemple. Aussi, peut-on espérer devenir un technicien charismatique ? Est-ce une ambition raisonnable ? Oui, à condition de bien préparer ses interventions.

La méthode SELL, utilisée dans toutes nos formations de prise de parole en public, peut justement vous y aider. Cette technique en 3 étapes vous donne les clés pour construire de A à Z des discours percutants. Vous aurez alors entre vos mains tous les ingrédients pour être le Churchill de la présentation scientifique !

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2023-10-18T17:20:37+02:00

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