Accroches :
rebondir sur l’actualité

Pour bien débuter et terminer une présentation orale, nous vous conseillons d’utiliser une accroche. En anglais, on appelle cela une « catch line ». Qu’est-ce qu’une accroche ? Un moyen de capter l’attention de son auditoire dès les premières secondes de son intervention. Ou, à la fin de son exposé, un outil pour graver son discours dans la mémoire de son public. Il existe des dizaines de façons d’accrocher un auditoire. Dans ce billet, nous nous intéresserons aux accroches faisant référence à un fait d’actualité.

Pile de journaux

« Le paludisme, c’est comme 3 à 4 tsunamis qui se déversent sur les enfants africains chaque année : au moins 700 000 à 800 000 décès ». Voici comment débute une vidéo de vulgarisation présentant les travaux de recherche d’Ogobara Doumbo, lauréat du Prix International de l’Inserm. Avec une telle accroche, le sujet est lancé. Dramatiquement, certes, mais efficacement, surtout quelques semaines ou quelques mois après un tsunami. Inutile de dire qu’en tant que spectateur, nous sommes touchés et brûlons d’envie d’en savoir plus.

Dans la même idée, Mathilde His, doctorante à l’Université Paris-Sud et candidate au concours Ma thèse en 180 secondes, débute son pitch avec la phrase suivante : « Aujourd’hui, comme chaque jour en France, 130 femmes ont appris qu’elles avaient un cancer du sein ». Il est impossible de ne pas se sentir concerné par cette accroche. La candidate, formée par Agent Majeur, explique que certaines femmes s’en sortiront bien, grâce aux progrès de la médecine, mais que d’autres risqueront une récidive après traitement. Elle pose ensuite la question évidente du pourquoi, ce qui lui permet d’aborder son sujet de thèse : les facteurs du risque de récidive après un cancer du sein. Voir la vidéo.

Un orateur peut également se référer à un événement qui vient de faire la une des journaux. C’est le cas de Jérôme Coquelet, candidat formé par Agent Majeur dans le cadre du Prix Fibre de l’Innovation organisé par Opticsvalley. Pour présenter son système de mesure de polluants, il fait référence à une actualité récente : « Il y a quelques semaines, la Tour Eiffel disparaissait dans un nuage de particules fines ». Il nous rappelle que cet évènement nous a permis de prendre « conscience de l’importance de la pollution de l’air dans notre société et de son impact sur notre champs de vision, mais aussi et surtout, sur notre santé ».

Un autre orateur que nous avons formé à la communication scientifique a évoqué l’intoxication alimentaire du concombre espagnol survenue en juin 2011 (qui n’était d’ailleurs pas liée à un concombre, ni à l’Espagne). C’était une accroche parfaite, en lien avec son sujet, puisque ce chercheur présentait un dispositif pour évaluer des échantillons biologiques. Mais, un an plus tôt ou un an plus tard, il aurait pu faire référence à une intoxication relative à des steaks hachés, du lait infantile ou des fruits de mer… L’important était de trouver un fait d’actualité proche dans le temps, que son public connaissait et qui l’avait marqué. Et, bien entendu, d’expliquer qu’avec son innovation, il aurait été possible de comprendre plus rapidement l’origine de cette intoxication.

En matière d’accroche, la créativité n’a pas de limites. Plutôt que de faire référence à un fait d’actualité, pourquoi ne pas en imaginer un ? C’est le pari qu’a fait Maryline Laurent, de l’Institut Mines-Telecom, dans une accroche très réussie : « Trahie par son Pass Navigo, elle se fait licencier. Voilà un titre de presse qui pourrait devenir courant dans les années à venir avec l’intrusion des puces électroniques dans notre intimité. » Pour présenter une innovation permettant de protéger la vie privée des utilisateurs de puces électroniques, notamment les détenteurs de Pass Navigo, c’est très bien vu ! En effet, ces puces ne sont pas cryptées. Un employeur méfiant face à un arrêt maladie pourrait acheter un lecteur et savoir si son salarié a passé sa journée dans les transports plutôt qu’au fond de son lit.

Mais alors, si le public sait que l’orateur va débuter et terminer son intervention par une accroche, où est la surprise ? Les accroches, censées remplacer les banalités normalement entendues dans une introduction, deviendront elles-mêmes des banalités. Pour avoir assisté à des centaines de présentations, nous pouvons vous dire la chose suivante : une accroche de qualité, ça se savoure. Certes, nous savons que l’orateur essayera de nous surprendre, mais nous ignorons comment il s’y prendra pour y parvenir… Et ce mystère a un charme fou. Quand, de surcroît, il nous offre une accroche brillante, c’est un vrai plaisir de l’entendre.

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2023-10-18T12:41:56+02:00

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